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Je vous écris cet article à la suite d’une lecture fort intéressante d’un livre intitulé « Le Dépistage du cancer du sein, la grande illusion ». Il s’agit d’un bouquin écrit par le docteur Bernard DUPERRAY, et préfacé par la Docteur Cécile Bour, de l’association Cancer Rose.

Je vous partage cette lecture qui m’a beaucoup intéressée, car en tant que femme, je me sens concernée par la question du cancer du sein. Devrais-je me faire dépister si régulièrement comme cela nous est préconisé ? À savoir tous les 2 ans à partir de 50 ans ?

L’histoire du cancer du sein

Les tumeurs au niveau des seins ont toujours existé. Celles-ci sont dotées d’une agressivité plus ou moins importante. Dès l’Antiquité, des médecins comme Hippocrate, puis d’autres au cours des siècles, constatent des résultats chirurgicaux décevants. Ils incitent à la prudence, car ils s’interrogent sur le bien-fondé d’une opération chirurgicale systématique.

Le docteur Halsted, à la fin du XIXè siècle, met fin à ses interrogations, car il affirme qu’en réalisant une ablation radicale du sein on peut diminuer les récidives et guérir la maladie. Pour lui, le cancer s’étend à partir de la tumeur par contiguïté dans le sein. Puis dans les structures adjacentes et, par le biais des canaux lymphatiques, atteins les ganglions à distance. Ces ganglions sont vus comme une base arrière de défense de l’organisme et leur envahissement témoigne d’une progression de la maladie. À partir de là, le cancer peut se propager dans tout le corps et se fixer dans certains organes.

Le cancer, pour le docteur Halsted, est perçu comme une maladie à extension progressive. Une cellule anormale devient un cancer in situ, puis un cancer infiltrant, qui peut métastaser à distance et enfin provoquer le décès. Il faut à tout prix arrêter ce mécanisme infernal le plus précocement possible. Son intervention sert de standard jusqu’aux années 1970.

Cette « victoire » de Halsted sur le cancer du sein par la mastectomie totale élargie est à l’origine de la théorie du « plus on traite tôt la tumeur cancéreuse du sein, plus on guérit la femme malade ».

Le dépistage du cancer du sein grâce à la mammographie

Le dépistage systématique du cancer du sein à l’aide de la mammographie a démarré en 1989, en France, dans 10 départements pilotes. Deux études randomisées sont censées avoir prouvé l’efficacité du test mammographique et ainsi valider le schéma halstédien de l’histoire naturelle de la maladie (étude HIP, New York, 1963-1982 et l’étude des Deux Comtés, Suède, 1977-1985,1997). Résultats identiques pour les deux études : une baisse de 30% de la mortalité par cancer du sein est observée dans le groupe dépisté par rapport au groupe témoin.

Grâce à ce dépistage, il n’y a plus de palpations, mais avec la mammographie, on devait accéder au diagnostic de tumeurs avant qu’elles ne soient palpables. Pouvoir détecter une tumeur de petite taille devait assurer la guérison. Le dépistage a fait considérablement augmenter le nombre de petites lésions diagnostiquées.

Mammographie

Dépistages massif du cancer du sein : quels résultats ?

Les résultats encourageants ont donc été très encourageants. On a pu constater une baisse de 30% de la mortalité. Des deux études précédemment citées est déclenchée la mise en place d’un dépistage systématique par mammographie. Cependant, pour les femmes, rien n’a changé, le dépistage a été un échec. Il n’a atteint aucun de ses objectifs. Cela signifie que :

  • le nombre des formes avancées n’a pas régressé ;
  • le nombre de mastectomies totales n’a pas diminué ;
  • il permet de déceler des tumeurs de plus en plus petites donc de plus en plus tôt. Mais définir un cancer via des clichés qui ne sont pas fiables amène aussi à des erreurs de diagnostic. Et 90% des cancers diagnostiqués à un stade précoce n’ont pas d’impact sur la baisse de la mortalité.
  • Le cancer du sein reste en tête des cancers mortels.
  • Le taux de mortalité par cancer du sein actuel reste proche de ceux des années 1970.

–> Le saviez-vous ? La consommation d’aliments transformés augmente les risques de développer un cancer sur le long terme.

Les effets indésirables des dépistages massifs du cancer du sein : le surdiagnostic

Les dépistages massifs entraînent des surdiagnostics. On parle de surdiagnostic quand le diagnostic histologique d’une « maladie » qui, si elle était restée inconnue, n’aurait jamais entraîné d’inconvénients durant la vie de la patiente.

Il convient à l’épidémiologiste de mettre en évidence et de mesurer le surdiagnostic. Le surdiagnostic permet de comprendre alors, pourquoi lorsque l’on détecte des lésions cancéreuses de plus en plus petites et de plus en plus tôt, le taux de mortalité par cancer du sein ne diminue pas. Ceci est contradictoire et il serait intéressant de comprendre pourquoi…

En réalité, la majorité des cancers du sein évoluent très lentement, ou pas du tout. Certains même disparaissent naturellement. Ces formes de cancer n’entraînent ni tumeurs palpables, ni douleur, ni métastases. Ils ne sont pas mortels. On constate que le dépistage ne permet pas de distinguer si le cancer va être mortel ou pas. Cela vient aussi remettre en cause le fondement de la théorie de Halsted. Halsted décrit le cancer comme une maladie qui évolue de façon linéaire et progressive avec une fin mortelle sans intervention.

Femme en bonne santé

Le dépistage du cancer du sein : que faut-il conclure sur son utilité ?

En résumé, le dépistage a un rapport bénéfices/risques très mauvais. Le surdiagnostic est à l’origine de sur traitements lourds, inutiles, qui peuvent être responsables de complications. Les lésions n’ont pas de temps de guérir, mais sont traitées immédiatement. C’est sans compter les erreurs de diagnostics. Il est une entrave au progrès et à la recherche, et un obstacle à une meilleure prise en charge des « vraies » malades.

L’irradiation répétée lors des mammographies chez les femmes de plus en plus jeunes n’est pas sans risques et peut induire des cancers du sein. Le dépistage fait monter le niveau d’angoisse dans la population sans rien apporter par ailleurs de positif pour les femmes. Il est pourvoyeur d’illusions et à l’origine d’une désinformation continue.

Malgré les progrès technologiques liés à la mammographie et aux traitements, les chiffres de mortalité ne diminuent pas. Le dépistage aboutit à un gaspillage de moyens humains et matériels au détriment des soins offerts aux femmes réellement malades.

POUR ALLER PLUS LOIN SUR LE CANCER DU SEIN :

Je vous recommande un documentaire consacré au dépistage du cancer du sein diffusé lors de l’émission Patti Chiari le 26 avril 2019 sur RSI, la télévision publique suisse italienne. À partir des résultats de cette enquête, on comprend qu’un énorme travail d’information des femmes reste à faire. Dans cette émission, il y a une information essentielle sur le rapport bénéfices/risques du dépistage qui est rappelée aux femmes.

Conclusion : pour une femme qui tire le bénéfice du dépistage, 4 à 12 vies seront gâchées pour rien au nom de la médecine préventive. Au final, on comprend ici que participer au dépistage revient à jouer à la loterie ou à la roulette russe avec un goût immodéré du risque.

Pour visionner ce documentaire, cliquez-ici.

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Delphine BASSET LASSERRE

Author Delphine BASSET LASSERRE

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